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Le Blog de Frédéric Legros
6 février 2017

My Ommadrawn, Return to Amarok...

my ommadawn

J'avais 9 ans. Subjugué par la musique électronique de Jean Michel Jarre et son titanesque concert en 1989 pour fêter le bicentenaire de la Révolution à Paris, j'ai cherché une musique comparable. Et il y avait une pub qui passait à la télé et qui annonçait avec le plus grand sérieux du monde le futur de la musique (c'était ridicule) avec des images générées par ordinateur : « Synthétiseur - les plus grands thèmes » une compilation jouée par Ed Starink (sauf que je ne savais pas que c'était des reprises).

Du Rondo Veneziano pour l'électronique avec des musiques au synthétiseur de la cousine germaine, reprenant les thèmes de Jean Michel Jarre, Vangelis, Giorgio Moroder et glissé au hasard parmi eux, Mike Oldfield. J'étais déjà perché à l'époque et mon imaginaire se plaisait à divaguer dans toute cette emphase synthétique et futuriste. Et je fus plus particulièrement fasciné par la mélodie et les sons énigmatiques du morceau Etude, extrait de la B.O de La Déchirure (the killing fields) signé par ce fameux Mr Oldfield. Morceau que je me repassais en boucle sans savoir pourquoi ce morceau et pas un autre.

En 1991, dans un supermarché, je tombais sur un bac à solde où surnageait entre du Julien Clerc et la Compagnie Créole une cassette de Mike Oldfield titrée Amarok. Je priais ma mère de m'acheter cet album (en solde quelques mois après sa sortie, c'était dire son succès), pensant que j'allais retrouver les sons électroniques d'Ed Starink. Je n'avais que 11 ans. La suite fut compliquée. Impossible d'assimiler ce qui sortait en mono de mon magnétophone. La musique était résolument acoustique (de vrais instruments, et à cordes principalement) mais j'avais comme un doute sur l'origine de ces sons inédits à mes oreilles, qui s'enchaînaient sans un seul refrain, et à priori sans aucune logique, sur 60 minutes. Une musique progressive beaucoup trop complexe pour mon âge.

Et pourtant secrètement j'aimais, j'adorais notamment ces moments « pirates et banjo » qui m'amusaient beaucoup. D'autres passages avec de forts contrastes sonores et des dissonances m'effrayaient. La musique était « étrange » et je n'avais aucun repère, ni aucune référence pour l'assimiler ou pour catégoriser ce que j'entendais. Impossible non plus de partager cette découverte. En 1994, la cassette était bien abîmée et la bande magnétique s'est cassée. J'étais plus vieux et mes goûts musicaux s'affirmaient pour d'autres horizons. J'oubliais Mike Oldfield, j'écoutais du rock comme Nirvana, j'écoutais Prodigy, les Daft Punk ou Bjork. Mike Oldfield, c'était trop bizarre, trop too much. En 2000, Mike Oldfield était un très lointain souvenir de l'enfance et il n'existait plus pour moi, j'écoutais At-The Drive In puis ce qu'ils deviendront plus tard, les Mars Volta ou de la chanson française type les Têtes Raides et je pensais que mes goûts en matière de musique s'étaient arrêtés. 

En 2007, j'étais au plus mal dans une ville que je n'aimais pas, loin de ma famille et de mes amis, seul... Deezer venait d'ouvrir ses portes, toutes les musiques s'offraient désormais à nous. Et je suis tombé par le plus grand des hasards sur l'artiste que j'avais complètement oublié : Mike Oldfield. Et son album Amarok. Je me dis « tiens, ce truc bizarre, je vais l'écouter histoire d'en rigoler un peu et de mesurer le temps qui passe. » Au casque.

Les 5 premières minutes me réveillèrent. la sixième fut une explosion. Je pleure. Le morceau unique dure 60 minutes, et je n'ai jamais autant pleurer de toute ma vie. Remué de partout. J'écoute l'album quatre ou cinq fois d'affilé, les yeux rouges. C'est un VERITABLE CHOC, une secousse sismique. Des instruments acoustiques, joués par un seul homme, s'entremêlent non-stop et distillent des mélodies jusqu'à l'ivresse. Un fourmillement d'inventions, d'arrangements et de pépites musicales, qui parviennent après un grand voyage jusqu'à un final qui me tétanise, une montée en puissance à la fois belle, violente et jouissive de 20 minutes. Le silence à la fin, juste après la dernière note, est un vertige. Pendant 5 ans, je vais écouter indéfiniment cet album qui sera mon compagnon de vie et je vais pleurer à chaque fois, toujours à des endroits différents. Aujourd'hui, je l'écoute moins car il a un caractère sacré, j'ai presque peur d'être déçu, presque peur de ne pas être bouleversé ! Mais je ne peux pas être déçu, Amarok est juste EXTRAORDINAIRE.

Après 2007, j'ai découvert et j'ai adoré les autres merveilles instrumentales de Mr Oldfield, longs morceaux que sont Ommadawn (je pleure aussi devant une telle merveille) et Tubular Bells (avec le thème qui hante l'Exorciste). J'ai aussi écouté tout Pink Floyd, tout Yes, tout Jethro Tull, tout Genesis, tout Camel avec des fortunes diverses. J'ai découvert le new folk des Fleet Foxes, le génie de Claude Debussy et la musique aux frontières du classique et du jazz de Moondog, Riley et Philip Glass. De Mike Oldfield, j'ai aussi aimé Hergest Ridge, Incantations, Five Miles Out et Tubular Bells 2. En revanche, je ne suis pas trop fan de sa période eighties avec sa pop datée comme Moonlight Shadow ou To France. Je n'accroche pas du tout aux albums aux sonorités électroniques, new age, soit toute sa production entre 1994 et 2005 (une dizaine d'albums), ces mêmes sonorités qui m'ont fait venir à lui. Le symphonique Music of the Spheres de 2008 et le pop rock Man On the Rocks en 2014 sont des albums déjà plus sincères mais secondaires pour le fan que je suis.

 

Et puis il y a 2017 et le tout nouvel album "Return to Ommadawn", retour à l’acoustique avec des guitares, de toutes sortes, des flûtes celtiques et des tambours venus d'Afrique, avec se trouvant là au beau milieu, un hommage à Telestar, un très vieux tube ricain des années 60. Ce nouveau Return To Ommadawn est pour moi le meilleur retour possible, il est fort en émotions et se situe quelque part entre Ommadawn et Amarok. Comme une trilogie magique. La boucle est bouclée.

 

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