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Le Blog de Frédéric Legros
23 juin 2014

Mini conte n°3

DANS LA BOîTE EN FER

 

Arti l'arbre

Chaque été de mon enfance, c'était baignade, pistaches et coquelicot. Sous le soleil de Perpignan, ce vieux Maurice, chemise à carreaux et moustache, n'en finissait pas de bêcher son lopin de potager (il y cultivait les futures victimes d'une ratatouille), tandis que les neveux et nièces, entre un Tang et trois chocos bn, testaient la resistance d'une piscine à boudins.

De ces étés passés chez le tonton, ils ne restaient plus que des souvenirs figés par des photographies jaunies et une ruine de maison qu'un incendie avait achevé l'année dernière.

Je revîns sur les lieux le soir de mes trente ans à la recherche d'un bien enfoui... Enfoui au pied d'un arbre devenu grand... Des décennies auparavant, mon grand cousin Thibault avait réuni tous les moins de neuf ans dans la cabane du jardin et avait arbitré les débats sur le devenir de ce que la petite Fanny avait trouvé dans un champs voisin. Cette chose interdite, si dangereuse, si... improbable entre les mains d'enfants innocents. Le verdict tomba à la tombée de la nuit, au son des grillons : il fallait enterrer cet objet de malheur à tout prix et l'oublier à tout jamais, et surtout, ne jamais en parler aux adultes. Ne plus jamais en parler, même entre nous !

Quelques coups de pelle et je tombai sur la fameuse boîte à bonbon, en fer rouillé, dans laquelle on avait enfermé cette chose. J'hésitai un instant avant de l'ouvrir. Je ne me rappelai plus exactement à quoi cela ressemblait, ce que c'était précisément. Mais je savais que cela hantait mes nuits d'adulte depuis bien trop longtemps.

J'ouvris la boîte, tremblant tel le gamin que j'étais, petit blondinet à lunette, chétif et craintif. Et là, les souvenirs affluèrent et me submergèrent comme une immense vague noire : ma chute de vélo en 1986, un coup de soleil qui n'en finissait jamais de peler sur mon nez tous ces étés, les bisous forcés à un crapaud un après-midi de juillet pour assumer un méchant gage, uriner sur un tas de cartons une nuit de quinze août sans penser qu'un clodo sans dent y poussait un somme...

La boîte contenaît une...une... une

La boîte contenait une musicassette intacte de Michel Sardou.

 

 

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